Attractions prend pour origine la forme cinématographique du même nom, apparue à la naissance du cinéma et consistant en de très courts films.
Cette forme filmique visait à accaparer l’attention du spectateur en sacrifiant le principe de réalité, au profit d’une « capacité à assaillir le spectateur par une action sensorielle ou psychologique ».
Développé par le cinéaste russe Eisenstein, la question du « montage des attractions », cherche ainsi l’accumulation et la confrontation d’un ensemble d’images affranchies de toute narration, mais permettant des associations d’idées propres à atteindre le psychisme du spectateur. Mais ici, dans la boîte noire de la scène, ce flux d’images passe par le corps des interprètes qui réalisent le montage des attractions à chaque représentation.
Ainsi dans Attractions, plus de 80 micro-saynètes se succèdent, prenant aussi bien l’allure de numéros de cabarets, de paysages abstraits, de fictions raccourcies voir détournées, empruntées au cinéma ou à d’autres médiums.
La question du montage, de la durée, du rythme musical et sonore qui utilise plus de 2000 fichiers audio, travaillent à une tentative de dialectique, tandis que l’esthétique des 180 costumes revêtus tour à tour par les interprètes, provoquent une succession d’images, de souvenirs imparfaits, qui arrivent par vagues et ne sont pas sans rappeler une réalité de notre quotidien, à travers la profusion des informations reçues… un flot qui permet ce voyage étrange, à la fois familier et inconnu, individuel et collectif.