Dans Concerto contre piano et orchestre, Samuel Achache, Eve Risser, Florent Hubert et Antonin-Tri Hoang plongeaient une œuvre de CPE Bach dans la dérive d’une soliste en prise avec son l’orchestre. Cette forme venait regarder le rapport entre une soliste et l’orchestre, un individu et le groupe. L’orchestre La sourde a maintenant pour ambition de créer une symphonie particulière : une symphonie dont chacun des mouvements serait façonné par les histoires, les récits de personnes que nous avons rencontré et qui nous ont raconté leurs « miracles ».
Ce projet s’inscrit dans une recherche sur les miracles. Cette notion évoque le 19ème siècle ou le moyen-âge. Mais aujourd’hui, où sont passés les miracles ? Nous faisons l’hypothèse qu’ils existent sous d’autres formes, peut-être plus per- sonnelles, intimes. La technique et la science n’épuisent le champ de nos espoirs et de nos croyances. Il y a toujours un endroit du réel qui résiste. Qui n’a jamais parlé avec des êtres disparus, qui n’a jamais cru au pouvoir des objets, qui n’a pas imaginé l’intervention d’une volonté extérieure?
La musique nous démontre sans cesse le pouvoir de l’invisible. Elle a la capacité de déployer le caractère extraordinaire d’un moment. Par la manière dont l’or- chestre va transformer une voix individuelle, donner l’illusion d’une musique qui apparaît comme « par miracle » en suivant une parole quotidienne, nous passons de l’ordinaire à l’extraordinaire.