Sur le plan international, les arts de la scène se sont longtemps concentrés sur la maîtrise (expertise artistique) et la professionnalisation (infrastructure de production et soutien). Cette verticalité est aujourd'hui remise en cause horizontalement par les évolutions démographiques et technologiques: le monde en tant que village global, la diversité ethnique croissante, le réseau (numérique) en tant qu'instrument et en tant que but (le «capital») lui-même. Ce sont des évolutions rapides qui provoquent aussi des contre-réactions: le besoin de lenteur, de proximité, d'authenticité. À mesure que la mondialisation se poursuit et que le monde devient de plus en plus petit, de nombreuses personnes ont besoin de frontières, désireuses de se retirer et de retourner dans le passé. Un théâtre de ville, tel que nous le voyons, est dans la zone de tension dans ces mouvements opposés. Le théâtre est toujours local et vivant, c'est une répétition et une reconstitution de ce qui a été. Mais le théâtre est avant tout un espace d'expérimentation pour l'avenir.

Le théâtre de la ville qui nous intéresse se situe entre tradition et utopie. Il ne reste pas sur la scène sur laquelle il a été répété, mais il tourne à l'international. Et cela amène des problèmes mondiaux à la ville. Nous voyagerons avec notre ensemble pour la recherche et les événements: au nord de l'Irak et au Congo, par exemple. Nous offrons une scène aux acteurs et aux non-professionnels de différentes nationalités et langues. Nous faisons nos pièces ensemble: avec tous les acteurs, avec le public, dans une interaction constante avec la société. Après tout, nous ne nous intéressons pas seulement au canon du théâtre classique, mais surtout au monde dans lequel nous vivons.

Nous sommes à la recherche de nouveaux classiques, de mythes, de tragédies et de contradictions de notre temps: en mythifiant l'actualité et en actualisant la mythologie. De cette façon, nous voulons façonner un «théâtre urbain du futur» politique, mobile et créatif.