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D’abord, le coup de foudre dans les couloirs d’un aéroport. Tout commence là, par le rire, la fête, le bonheur de la rencontre. Le couple aura deux enfants bientôt, avant la débâcle. Les ambitions professionnelles, les trahisons, les doutes prendront le pas, sur tout. Et la fin de l’amour, comme une descente en spirale vers la guerre domestique, l’étouffement, l’irrémédiable. Une femme, seule en scène, appelle ses enfants. Ils ne répondent plus. Elle se rappelle le point de non-retour : l’horreur exactement.  

« La confiance, vous voyez. Je ne l’avais jamais vraiment eu ça, avant de le rencontrer. J’avais trop peur. Avant je trempais à peine les doigts de pied, j’essayais constamment de sentir la température de la vie avant de m’avancer péniblement, millimètre par millimètre, paniquée. Même mon départ pour l’étranger, mon grand voyage vers l’inconnu, c’était par peur : la terreur à l’idée d’avoir reçu la vie en cadeau et de passer les soixante-dix prochaines années en pyjama sur un canapé, à manger des chips en regardant des séries1. Alors quand je lui chuchotais à l’oreille mes petits espoirs secrets, comme de précieux petits blasphèmes, que peut-être je pourrais faire quelque chose, j’étais terrifiée quand il me répondait « Pourquoi pas ? »  

DENNIS KELLY, GIRLS AND BOYS, traduction PHILIPPE LE MOINE, L’Arche Éditeur 2019