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En 2006, André Gorz publie Lettre à D. une confession à sa femme Doreen Keir, alors atteinte d’une maladie incurable. Il y raconte l’histoire de leur amour, et nous fait traverser leurs 58 ans de vie commune. Un an plus tard André et Doreen sont retrouvés morts, dans leur lit. Doreen sera un contrepoint à cette confession rendue public. Il s’agit d’imaginer et d’écrire une voix pour elle. Nous sommes un soir de 2007 dans la maison du couple. Ils ont préparé de quoi manger et boire et nous accueillent chez eux. Dans une heure ils se suicideront. En attendant, ils parlent.

Il s’agit d’une adaptation, d’un vol, d’une tentative, entre le réel documentaire et la mise en fiction de ce couple et de la figure de cette femme aimée que nous ne connaissons pas et qui va mourir avec l’homme qui dit lui devoir la vie. 

Extrait 

Gérard :

Pensez ce que vous pouvez, si la question se pose vraiment pour vous de savoir qui je suis. Mais peu importe je crois. Vous êtes chez moi, et moi c’est personne, c’est n’importe qui. Ce qu’il y a là, c’est la lettre, enfin disons le livre. C’est une lettre pour Doreen, qui est là, qui est mon épouse. Et ces mots que vous entendez, que je dis, ce sont les mots de Gérard pour Doreen. Peu importe qui écrit, qui parle je veux dire ; c’est pour elle. 

Doreen : 

…. Je ne te parle pas de politique Gérard. Là je ne te parle pas de politique. Je te parle d’une alliance. Tu entends ce que c’est une alliance ? Tu entends ce que je te dis ? …Tu te suffis. Je ne te sers à rien. Je te fais perdre ton temps… Et tu me fais aussi perdre mon temps. Allez ciao Gérard, reste en Suisse. Tu finiras bien par être heureux avec tes idées à la con sur l’amour.